Les musiques de Jacques Hélian ont accompagné mes jeunes années et, au fur et à mesure que je découvrais d'autres domaines musicaux
qui me passionnaient, elles se mettaient en arrière-plan mais ne manquaient jamais de remonter à la surface de temps à autre et de
se rappeler à mon bon souvenir. Elles ne m'ont jamais vraiment quitté durant toute ma vie. Ainsi est né ce site .
Roland Fauré.



Roland Fauré




Jean Marco










  L'EDITORIAL DU WEBMASTER  

JACQUES HELIAN ET MOI

Je ne suis pas mono-maniaque ; je ne passe pas mon temps à écouter Jacques Hélian ! Au fil des années, mes fréquentations musicales m'ont conduit de Nat King Cole à Frank Sinatra, de Harry Belafonte à Joan Baez ou Nina Simone, de Brel à Cabrel, Goldman, Sanson, Voulzy, de Joni Mitchell à Dire Straits, de Dave Brubeck à Pat Metheny,  de Vianney à Grand Corps Malade...et j'en passe!

Nous voilà bien loin d'Hélian, dira-t-on. Pas si sûr.

On est marqué par les premières musiques que l’on entend et qui font “tilt” : Les miennes étaient signées Hélian. Ce touche-à-tout musical m’a entrouvert des portes qui m’ont conduit vers des paysages musicaux dont, très jeune, je ne soupçonnais même pas l’existence. Je ne lui en serai jamais assez reconnaissant.

C’est ainsi que, derrière “le Carrioleur”, j’ai découvert Tennessee Ernie Ford ; derrière “Jambalaya”, Hank Williams ; derrière “Tennessee valse”, Lès Paul et Mary Ford, bref toute la Country Music de l’époque. Le Marco de “Sous un ciel orangé” m'a conduit vers le Sinatra de l’époque Tommy Dorsey ; les Hélianes et les choeurs vers Peter, Paul and Mary , “Les Mammas et les Papas” ou "Beau Dommage"; enfin, et peut-être surtout, derrière l’orchestre, se profilaient les "big bands", leur architecture, leur son qui n'ont jamais cessé de me fasciner; ceux d’outre Atlantique, bien sûr, de Duke Ellington, Count Basie, Stan Kenton, Ray Conniff, Harry James, Herb Alpert...mais aussi les grands orchestres de chez nous, au premier rang desquels ceux de Michel Legrand (neveu d'Hélian) et de Claude Bolling où se sont retrouvés très naturellement bon nombre des musiciens d’Hélian après 1957.

Est-ce à dire, toutefois, que l’orchestre Hélian n’était qu’une sorte de hall que l’on traversait rapidement pour aller ailleurs? Ce serait un peu court!

D’abord, il y a les choses qu’il faut reconnaître: la chanson au stade industriel, genre kleenex où un titre chasse le précédent et sera, à son tour jeté après usage…Une quasi-obsession de la "toute nouvelle chanson" au détriment de celles que Jacques Hélian avait rendu célèbres et qui étaient souvent trop vite retirées des programmes: ainsi, "Etoile des Neiges" disparait au bout de moins d'un an, tout comme "C'est si bon"! 

Comme les journées de l’orchestre étaient plus que bien remplies, on pratiquait une sorte de taylorisme: les arrangeurs arrangeaient, le chef dirigeait, les musiciens jouaient , les chanteurs chantaient… et parfois on ne faisait pas dans la fioriture: certaines chansons étaient carrément niaises et certains gags plutôt lourds...

Mais imagine-t-on ce que pouvaient être les contraintes d’une entreprise qui a compté jusqu'à 35 personnes qui avaient des contrats et qu’il fallait payer quoi qu’il arrive? Les tubes qui cartonnent étaient une question de survie pour l’orchestre et il en fallait beaucoup car les volumes de ventes n'avaient rien à voir avec ceux des stars de maintenant.

Mais à coté d’ « Etoile des neiges » ou de « Musique en Tête », il y avait des morceaux travaillés, sophistiqués même, arrangés avec talent et interprétés par la fine fleur des chanteurs et des musiciens de l’époque. Ce n'étaient généralement pas ceux-là qui rapportaient de l'argent mais cela n'importait guère. Ce sont ces morceaux qu'Hélian privilégiait dans les concerts.

Qui niera que Jacques Hélian a fait sonner les cuivres comme personne? Que quelques mesures de n’importe quel titre suffisaient à l’identifier? L’utilisation des trompettes bouchées, rythmique comme dans “les Trappeurs de l’Alaska” ou mélodique comme dans “la Fête des Fleurs” est l’une de ses signatures et le talent de son principal arrangeur René Beaux n'y est évidemment pas pour rien.

Et puis, peut-être par dessus tout, une ambiance de joie de vivre, reflet de l’optimisme retrouvé malgré les difficultés matérielles et les guerres coloniales, portée par des refrains simples, joyeux, contagieux et, disons le, bien faits. Et une alchimie qui ne se réduit pas à ses seuls ingrédients et qui garde sa part de mystère: peut-être la totale connivence, à un moment donné, entre un artiste - des artistes - et leur public.

Autant de raisons pour flâner dans le hall, aller et venir, humer, savourer. Pour ce qui me concerne, j’ai besoin d’y revenir de temps à autre, comme pour me ressourcer ; de m’arrêter devant mon juke-box et de m’offrir ma sélection du jour. Et les souvenirs reviennent : un strapontin au Trianon Palace de Toulouse en Mars 53. Même si, depuis, on a vu Duke Ellington, Yves Montand, Jacques Brel ou Bruce Springsteen, comment pourrait-on oublier ?

Jean Cocart, producteur radio et télé, réalisateur des "Cinglés du Music-Hall" de JC Averty de 1980 à 1989, ne dit pas autre chose:

"Ce que vous dites dans l'édito, la partie "soupe" du répertoire est malheureusement l'impression injuste qui reste de Jacques Hélian. Alors que le reste est brillantissime! Comme vous, ses succès entendus sur Radio-Luxembourg et ses films vus avec ma grand-mère au Gaumont Montparnasse sont autant de madeleines de Proust pour moi."

La France a eu deux grands orchestres de music-hall: Ray Ventura avant la guerre, Jacques Hélian après. Il serait hautement injuste que seul le premier soit évoqué, fût-ce à dose homéopathique, même si…
Même s’il est vrai que Ventura a mis à son répertoire, avec l'aide de Paul Misraki, quelques chansons intemporelles alors qu'Hélian a trop peu soutenu certaines de ses créations qui ont fait, par la suite, le tour du monde et que plus personne n'associe à lui; même si certaines des musiques qu’il a commises dans les années soixante en surfant sur sa notoriété (tandis que Ventura avait la bonne idée de se reconvertir dans le cinéma), ont, à juste titre, terni son image .

Il n’empêche que le chapitre chatoyant que Jacques Hélian et son orchestre ont inscrit dans l’histoire de notre music-hall de 1944 à 1957 ne mérite pas de tomber dans l’oubli qui le menace.

Et c'est à l'un de ses innombrables fans, Robert Reynier, que nous laisserons le mot de la fin:

"Quel professionnalisme et quelle gaieté! Quel moment magique quand l'orchestre attaquait son indicatif! Il ne bénéficiait pas, à l'époque, de tous les supports techniques actuels (c'était carte sur table!), ce qui le rendait plus convivial, plus proche du public. Ce contexte exigeant laisse imaginer la qualité et le professionnalisme de ses interprètes et musiciens qui semblaient jouer et plaisanter avec tant de naturel. Quelle leçon d'humilité pour nos jeunes vedettes actuelles!"

Tout est dit. 

Bonne (re)découverte du site!

Roland Fauré, du 9 avril 2004 ( sur une Page Perso Orange).. au 12 janvier 2022 sur ce  site Google...

Ces pages viennent de reprendre des couleurs avec cette version entièrement revue et rénovée du site, à laquelle nous souhaitons bon vent!

Roland Fauré, le 11 février 2022

REMERCIEMENTS

Que toutes celles et tous ceux, artistes ou fans, qui ont permis à ce site d’être ce qu’il est, en offrant leur savoir, leur savoir-faire, leurs écrits, leurs souvenirs, documents, photos, ou simplement leur soutien, soient, ici, sincèrement remerciés. Notamment Jean Bahuhaud, George Blanc, George Bruneau, Rita Cullaz (Castel), Jo Charrier, Lou Darley, Jean Escax, Claude Evelyne, René Farcy, Zappy Max, Henry Merveilleux, André Paquinet, Patoum, Lucien Perié, Jean Rousseau, Marie-Pierre Ruiz, Vanessa Serie, Maurice Stocky, Denise Varène (Rosia).

Un merci spécial à Jean Legendre et Jacques Ormières : ils sauront pourquoi.

Un autre merci spécial à Bruno Fauré qui a eu la patience de faire les réglages techniques de la page "Ecouter Jacques Hélian" sur le 1er site, et à Guillaume Fauré qui m'a aidé, cette fois, à cheminer dans les arcanes des Google Sites...

Enfin, "last but not least", un grand merci à Michael Romero de "Duo Informatique" à Foix: il a géré la transition technique entre les deux sites et il a identifié et réparé un bug qui a fait disparaitre l'ancien site des écrans durant quelques jours: le mot "index" écrit avec un i majuscule...Fallait trouver! Magic Mike!