Jacques Hélian dans les medias

A LA RADIO

La radio a été, pour Jacques Hélian, un media de toute première importance.

Voici ce qu'il écrit dans son livre:

"A partir du mardi 16 janvier 1945, pour 26 semaines, une émission régulière hebdomadaire, retransmise en direct du Poste Parisien, nous obligeait à mettre au point quatre ou cinq arrangements ou chansons, en primeur à chaque émission. Pour cette série d'émissions, les morceaux étaient présentés avec de petits sketches parlés, courts et généralement amusants. Mes présentations étaient signées André Hornez, Zappy Max, Jo Charrier et un peu plus tard Francis Blanche, Bourvil, Fernandel ou Patoum (un maître dans le genre). Toutes les répliques n'étaient pas forcément de la plus grande finesse, je l'avoue humblement, mais du moins mes programmes n'étaient-ils pas soporifiques! En tout cas, le succès de ces émissions fut immédiat. Ma formule était: jazz, chansons, bonne humeur. En somme, de la variété française bien faite. Je voulais continuer la lignée des grands orchestres qui ont su populariser ce qu'on a appelé le "jazz français". Je commencai à créer des quantités de chansons que des millions de gens fredonnèrent et dont certaines sont encore sur toutes les lèvres aujourd'hui."

Toutes les stations francophones diffusaient leur demi-heure Jacques Hélian hebdomadaire: Le Poste Parisien, puis Paris Inter, Radio Luxembourg, Radio Monte Carlo, Radio Andorre, Radio Lausanne, Radio Tanger International, CKVS au Québec, et d'autres sans doute comme la Radio Nationale d'Espagne à l'occasion d'une série de concerts dans ce pays.
"J'apportais un soin particulier à ces programmes" déclare-t-il, car "Je savais ce que je devais à la radio et je n'étais pas un ingrat". La radio était le vecteur principal de diffusion de ses chansons; la scène venait en deuxième position, puis arrivaient les disques. Les "Radio-Concerts" enregistrés par Hélian se sont comptés par milliers.

A partir de la fin des années 70, diverses radios se sont intéressées à l'orchestre Jacques Hélian et à ses anciens membres:

  • On a pu écouter Jacques Hélian avec Christian Plume , ainsi que qu'avec Michel Lis (oui, le jardinier), le tout sur feue Radio Bleue, ou encore avec George Jouvin sur Radio Montmartre, Ginette Garcin sur France Inter, Claude Evelyne sur Radio Lausanne, Denise Rosia sur Radio Montmartre. Cette liste n'est pas exhaustive.

  • Jean-Christophe Averty a consacré à Jacques Hélian 8 émissions d' 1 heure sur France Inter, dans le cadre des "Cinglés du Music-Hall"; Réalisés en étroite collaboration avec Hélian, ces "CMH" sont un monument incontournable pour ceux qui veulent tout savoir avec précision.

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Un document exceptionnel: 8 émissions des "Cinglés du Music-Hall" en ligne!

Jean-Christophe Averty est né en 1928. Réalisateur de nombreuses émissions de télévision, il s'est aussi beaucoup exprimé à la radio puisqu'on lui doit plus de 1800 émissions des "Cinglés du Music-Hall" qui passaient sur Inter entre 11 h. et midi du lundi au vendredi.

Il a fait la connaissance de Jacques Hélian à l'occasion du tournage de "Pigalle St Germain des Prés". Récemment sorti de l'IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques), il débarque sur le tournage comme assistant, essentiellement chargé, dit-il, "d'aller chercher des sandwichs et de cirer les pompes de tout le monde"... Il dit avoir apprécié la gentillesse de Jacques Hélian dans ces circonstances peu valorisantes...

Les 8 émissions qu'il lui a consacrées 30 ans plus tard se sont étalées sur une période de 10 ans, de 1978 à 1988. La première difficulté pour nous, et elle n'a pas été mince, a été de récupérer ces documents qui n'ont jamais été rediffusés, à une époque où les podcasts n'existaient pas. Très souvent, Averty lançait à ses auditeurs le désormais célèbre "A vos cassettes!!!". Il faut croire qu'il a été entendu puisque nous avons fini par retrouver, enregistrés sur des cassettes audio des années 80, nos précieux programmes.

Nous pourrions les garder pour nous mais nous trahirions l'état d'esprit de ce site qui est de faire partager par le plus grand nombre ce qui nous parait intéressant. Et s'agissant de ces huit heures d'hommage à cette musique de plus en plus oubliée, le mot "intéressant" est bien faible. Ce qu'a fait Averty est tout simplement passionnant. Un torrent de paroles et pas un mot de bla bla. Tour à tour déjanté (quand il se met à chanter "Vera Cruz" au micro!!!), lyrique, émouvant, Averty est irrésistible. Au delà de la précision du propos, il diffuse un enthousiasme total que nous partageons d'un bout à l'autre de chaque émission. Les titres ont été choisis par Jacques Hélian qui présente lui-même la dernière émission diffusée 2 ans après sa mort car perdue par J.C Averty pendant 8 ans suite à un déménagement et retrouvée miraculeusement...

Bref, ce document que nous avons techniquement "nettoyé" (dans la mesure du possible) est un "collector" dont il nous a semblé que le contenu ne pouvait pas rester plus longtemps enseveli dans les archives de l'INA!

Après l'avoir mis jadis sur 8 CDs classiques puis sur un cd mp3, nous avons décidé, en ce jour de janvier 2022, de le mettre en ligne, à la disposition de tous.

Roland Fauré


Cliquez sur le CMH (Cinglé du Music-hall) de votre choix: (la qualité sonore est parfois problématique, notamment sur CMH 8)

CMH 1 / CMH 2 / CMH 3 / CMH 4 / CMH 5 / CMH 6 / CMH 7 / CMH 8


Jean-Christophe Averty

A la tête de son orchestre aux multiples facettes et talents, Jacques Hélian sut, après les sinistres années de l'occupation, redonner aux Français un certain goût de la joie de vivre en tissant sur les ondes d'une radio-diffusion libérée une tapisserie musicale haute en couleurs et de haute lisse.

Je l'ai connu en 1950, lors du tournage du film musical "Pigalle St Germain des Près" d'André Berthomieu dont j'étais le stagiaire et troisième et bon dernier assistant... je sortais de l'IDHEC et mon travail consistait principalement à porter des sandwichs et à chercher partout les acteurs et les musiciens...et je me souviens de la gentillesse et de l'amabilité de Jacques qui savait toujours, par un petit mot gentil, atténuer l'humiliation qu'il y avait à cirer les chaussures de tout le monde

J.C Averty fut le créateur, réalisateur, producteur d'émissions de radio et de télévision devenues mythiques.


JC AVERTY



André Francis




Au cours de ces cinquante dernières années, les musiciens Français ont gravé un assez grand nombre de bons disques (malheureusement la plupart sont retirés très rapidement des catalogues) qui les montrent au sein d'excellents grands orchestres, comme celui de Jacques Hélian qui a fait souvent, de 1952 à 1957, du très bon jazz.

"JAZZ", Ed. Microcosme.


André Francis fut "Monsieur Jazz" à Radio France pendant plusieurs décennies.

JACQUES BALMONT EVOQUE LONGUEMENT, SUR RADIO 4, JACQUES HELIAN ET LE JAZZ

Entre Lot et Dordogne, Radio 4 est la station du Haut-Agenais Périgord. Bien sûr, on peut l'écouter sur internet. Sa grille, un peu allégée en juillet et août, comporte plusieurs émissions musicales, dont "Jack and Jazz" qu'anime Jacques Balmont.

Jacques Hélian est né le 7 juin 2012. A l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, Jacques Balmont a eu l'excellente idée de lui consacrer 2 émissions d' 1 heure qui ont été diffusées respectivement le 28 Mai et le 5 juin 2012. Nous avons décidé de les mettre intégralement en ligne. Il vous suffit, pour les écouter, de cliquer sur les liens ci-dessous:

Jacques Hélian et le jazz, émission 1 Jacques Hélian et le jazz, émission 2



Frank Tenot

C’est grâce aux grands orchestres de music-hall que j’ai rencontré et aimé le jazz d’aussi bonne heure. A douze ans j’étais fanatique de l’orchestre de Ray Ventura .(…)

Ces grands orchestres, où officiaient d’excellents spécialistes du jazz, ne négligeaient jamais d’inclure dans leur programme des thèmes importés d’Amérique et de mettre en valeur à dose homéopathique des petits commandos « hot » où s’illustraient leurs meilleurs solistes. Bien vite la drogue fit son chemin. Etre adolescent et fou de jazz c’était plus qu’une passion : une véritable religion. Dès lors, avec l’orgueil et la morgue du sectaire, je devins très critique à l’égard de mes premières amours. L’éclectisme du répertoire, les compromissions « commerciales », les succès du moment, les violonades, le flirt avec le tango, le paso-doble, les marches d’orphéon et surtout la présence de chanteurs de charme furent autant de tares. On avoue difficilement s’amuser avec les Pieds Nickelés lorsqu’on lit Shakespeare et Joyce. Je vivais dans les cimes avec l’élite. Finie la fréquentation de divertissement pour le bon peuple.

Depuis quelques années je suis beaucoup plus tolérant. Avec le recul du temps, l’œuvre des grands orchestres des années 30 et 40 apparaît comme un passionnant reflet sociologique d’une époque riche en événements politiques, sociologiques et musicaux.(…) Ces grandes formations étaient avant tout des orchestres de scène. Le succès du disque suivait celui du spectacle. Stravinsky avait raison lorsqu’il écrivait : « Il ne suffit pas d’entendre la musique, il faut aussi la voir ».

Aujourd’hui, le disco – le nom indique bien de quoi il s’agit—a supplanté le music-hall et le dancing à orchestre. La musique, même si elle est chaude, est en fait du surgelé. La radio et le microsillon ont accéléré la tendance. Lorsque les danseurs s’agitent dans les discothèques, ils ignorent tout de l’élaboration sonore : trucages électroniques, chambre d’écho, utilisation de synthétiseurs, effets artificiels et même le nombre des musiciens. Au temps de Grégor, de Ventura, d’Adison, d’Hélian, le travail s’accomplissait devant tous. La musique était jouée, interprétée et mimée avec la complicité, l’accord et l’enthousiasme du public. Et pour les gags, les solistes transformés en véritables comédiens n’hésitaient pas à se grimer et à revêtir des costumes burlesques qui faisaient d’eux les acteurs de saynètes dignes du meilleur théâtre.

Frank Tenot, extrait de la préface des « Grands Orchestres de Music-hall en France » op cit 1984.

Avec Daniel Fillipacchi, Frank Tenot fut le légendaire présentateur de "Pour ceux qui aiment le Jazz" sur Europe1


"Le poste de TSF Français diffusait beaucoup de concerts de "grands orchestres" de jazz français qui tentaient de copier, souvent avec succès, les modèles américains plus connus sous le nom de "big bands", c'est à dire un effectif de seize ou dix-sept musiciens (5 saxophones, 4 trombones, 4 trompettes et la ryhmique piano, basse, batterie, parfois une guitare).

Les formations françaises respectaient ce nombre d'instrumentistes: c'était d'ailleurs à peu près le seul point commun qu'elles avaient avec leurs homologues américains. Car déjà, en ces années cinquante, le jazz n'était pas vraiment populaire en France, et les musiciens hexagonaux avaient compris que, pour faire passer le message "jazzistique", il fallait l'envelopper d'un emballage comique. C'est pour cette raison qu'ont proliféré, à cette époque, les orchestres comme ceux de Jacques Hélian, Ray Ventura, Alix Combelle, Fred Adison, Raymond Legrand (le père de Michel), Jo Bouillon, pour ne citer que les plus connus. Autant d'artistes fascinés par le jazz d'outre-Atlantique, mais obligés de transformer tous les succès de là-bas en "chansons à sketches" pour attirer et séduire le public français."

Pierre Bouteiller, "Radioactif", Robert Laffont, Avril 2006.

Journaliste, Producteur (Le "Magazine", "le Masque et la Plume") Pierre Bouteiller fut directeur de France Inter, puis de France Musiques.

A LA TELEVISION

La rencontre de Jacques Hélian et de la télévision a été d'emblée, un rendez-vous manqué.

Voici ce qu'il en dit: "Le jeudi 17 Avril (1952), à la télévision: "Plaque Tournante", production de Pierre Hiegel et George Lourier; un programme d'une heure et quart. Je voyais d'un bon oeil la télévision s'installer. Elle devait, dans mon idée, être accueillante aux orchestres attractifs présentant des numéros visuels: c'est exactement le contraire qui s'est passé. Notre style d'orchestre a été mis au rancart et les musiciens ont tout juste été tolérés pour des accompagnements. On les prie de s'asseoir et surtout de ne plus bouger. Cela me fait très mal au coeur de les voir tristes , inexploités, anonymes. La télé? Un monde où l'on s'ennuie".

Quant aux hommages récents, aucun n'a pas été à la hauteur. Certes, il y a eu les émissions de Pascal Sevran ("la Chance aux Chansons" 1992, France 2), sympathiques mais très pauvres en documents filmés de l'époque, les droits de diffusion étant prohibitifs; critique qui s'applique aussi, quoique dans une moindre mesure, à Jacques Plessis "Les Lumières du Music-Hall" sur France 5.

Quoi d'autre? Rien. C'est sur une chaine de la BBC que "Pigalle St Germain des Près" a été diffusé récemment! C'est la télévision Allemande qui nous a contacté l'année dernière en vue d'une émission sur les musiques de la Libération de l'Europe en 44/45. No comment.

DANS L'EMISSION "AUJOUD'HUI LA VIE"

En 1984, sort "Les Grands Orchestres de Music-Hall en France". A cette occasion, Jacques Hélian est sollicité par de nombreux media.

Dans l'émission "Aujourd'hui la Vie" diffusée le premier octobre 1984, et à l'occasion de laquelle "Télé7 Jours" lui consacre deux pages, Jacques Hélian évoque la disparition de ces grands orchestres qu'il attribue a l'irruption du Rock and Roll, alors que Claude Bolling pencherait plutôt pour des raisons économiques: Selon lui, "Plus personne ne pouvait payer un nombre de musiciens pareil" .




DANS LA PRESSE ECRITE


GROS PLAN DE TELE 7 JOURS


Kenny Clarke et Jacques Hélian

Charles Delauney

GRAND ECART ?

Avril 1946: "Lorsqu’au nom du jazz que nous aimons, nous opposons l’orchestre de Jacques Hélian, ce n’est pas avec l’idée de l’éliminer de l’antenne, pas plus que nous ne souhaiterions le voir disparaître de nos scènes de music-hall. (…) Il a choisi un genre scénique et distrayant qui a sa place aussi bien à la radio que sur les planches, tout comme devraient l’avoir le jazz véritable et la musique symphonique. La faute en incombe aux dirigeants de la radio qui, ignorants en matière de jazz, n’utilisent que des orchestres du genre Hélian croyant satisfaire les amateurs de jazz…"

Mai 1952: "Il est certain que, grâce à l'orchestre de Jacques Hélian de nombreux profanes ont été amenés à s'intéresser à la musique de jazz et que grâce à l'immense public qu'il touche, il fait assurément plus pour le jazz que bien des «zélateurs en chambre»(...) Son mérite est d'autant plus grand qu'il lui eût suffi d'entretenir simplement le mauvais goût du public pour assurer le succès commercial de son orchestre".

Charles DELAUNAY, Fondateur de la revue "Jazz-Hot".

Quand César réclame son dû...

A Line Renaud qui s’approprie le succès d’ « Etoile des Neiges », Michel Drucker déclare: « Il n’y avait pas de disques d’or à l’époque, sinon vous l’auriez eu ! »

Habituellement sérieux, rigoureux et professionnel, Michel Drucker, cette fois, a oublié de réviser ses leçons… Il y avait des disques d’or : c’est Tino Rossi qui a eu le premier, en 1950, avec « Petit Papa Noël » et c’est Jacques Hélian qui a eu le deuxième, en 1951, avec… « Etoile des Neiges » dont il fut le créateur et le principal interprète.

Il convient de rendre à César…

RF